Rencontre avec Jean-Yves Clayeux : les Gatis ont le vent en poupe (article Yonne Républicaine)

Comment un amoureux de la mer est devenu un amoureux de la terre, non loin de Saint-Germain-des-Champs
En 1964, lorsque les parents de Jean-Yves Clayeux achètent un hameau abandonné, les Gatis, près de Montmardelin, ils ne pensaient pas qu’un jour, leur fils allait faire revivre, ces maisons en ruine, le long d’un chemin de terre envahi par une végétation dense et sauvage.
L’abbé Parat, historien de l’Avallonnais, raconte que les habitants des Gatis, qui comptait 20 foyers, avaient la fâcheuse habitude de détrousser les occupants des diligences qui passaient par là. Mais depuis maintenant bien longtemps, la route départementale 944 détourne les voyageurs des Gatis et les anciens qui se souviennent du dernier habitant, mort avant 1964, se font rares. Les Clayeux avaient acheté le hameau pour le transformer en résidence secondaire. Leur maison se trouve à l’entrée du hameau, et le couple n’a jamais pensé faire de travaux dans les autres maisons.
Pendant ce temps, Jean-Yves fait carrière dans la Marine. Il voyage à travers le monde, allant de chantier en chantier. A la pré-retraite, il revient en France, puis aux Gatis. Et en 1999, l’aventure commence. Il décide de faire revivre le hameau.

Un village à bâbord, toute

Le hameau, composé de plusieurs maisons, s’étale le long d’une rue. Toutes sont sur le côté gauche. Jean-Yves débute les travaux dans les maisons les plus proches de celle de ses parents. « Elles étaient en si mauvais état, qu’il a fallu les démonter et les remonter des murs à la toiture ». Tout ce qui pouvait être récupéré, l’a été : les pierres, certaines poutres, un peu de ferronnerie. Pour le reste, Jean-Yves a acheté des matériaux de même origine, le bois aux scieries de Sermizelles ou de Bornoux, et les pierres dans des dépôts de récupération. Il s’est transformé tour à tour en menuisier, ou en ferronnier. Interrogé sur les lieux où il a pu apprendre tous ces métiers, il répond, « à droite et à gauche, sur le tas ».

Le hameau en haut de la vague

Aujourd’hui, quatre ans après les premiers travaux, le hameau est presque terminé. Le puits du village est ressorti de terre, ainsi que des jardins potagers. Dans une des maisons dite la boulangerie, à cause de son four à pain encore intact, il a retrouvé des collections d’objets des années d’après-guerre, qu’il conserve précieusement. Quand on lui demande pourquoi il fait tout cela, il répond fièrement, « par passion il faut être un peu fou n’est-ce pas ! » Aujourd’hui le hameau retrouve des habitants. Le gardien des lieux et sa famille s’y sont installés, il aide Jean-Yves de temps à temps. Et puis Jean-Yves souhaiterait louer, à l’année ou pour la saison, les maisons qu’il restaure au fur et à mesure.
Aujourd’hui les préoccupations du rénovateur se tournent vers la maison de ses parents, qui nécessite quelques réparations. Il parle aussi de démolir un garage qui n’est pas d’origine, et d’un projet de chapelle aussi. Jean-Yves Clayeux confie qu’il aimerait bien continuer tant que la force lui restera, et il est facile de deviner que la force et le courage, il en a encore beaucoup et pour longtemps.